Yann Arthus-Bertrand "Il est trop tard pour être pessimiste "

Publié le par Vincent Bessat

En attendant la nouvelle version du blog, un superbe article, paru dans le journal Le Monde...
Tout est dit ! Ou presque ...

«Notre monde va mal. Le tableau s’assombrit chaque jour de catastrophes avérés ou imminentes. Ce flot de mauvaises nouvelles a quelques choses de sidérant et d’inquiétant : il ne suscite aucune réaction. Nous continuons à vivre en ne changeant rien. Cette acceptation placide de faits et de chiffres, voire d’une fin annoncée, est tout à fait fascinante. Nous nous contentons de constater les dégâts... et nous continuons comme avant.

Nous savons, mais nous ne voulons pas y croire. A tel point que lorsque des scientifiques nous annoncent rien de moins que la sixième grande extinction d’espèces vivantes, la nôtre y comprise, la nouvelle nous touche moins que le résultat du match de la veille ou la météo du week-end à venir ! Plutôt que d’un refus de la situation, l’inaction semble provenir d’une certitude que le monde trouvera bien une solution pour éviter la catastrophe, que la science saura le sauver. C’est sans doute ce que pensaient les Sumériens, les Mayas et les habitants de l’île de Pâques, avant que leur civilisation ne disparaisse brutalement. Parce qu’aucune société, aussi «avancée» soit-elle, ne survit à l’effondrement de l’écosystème sur lequel elle s’appuie, ces leçons du passé sont éloquentes.

Toute une partie du monde suit le modèle de développement économique de nos pays riches, car ses habitants y voient une recette absolue du bonheur. Ne changeant rien nous-mêmes, nous ne pouvons pas empêcher les autres de commettre les mêmes erreurs que nous : ils ont besoin de se développer. ... Au même moment, les Nations unies répètent que 800 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim tandis que pour près de 1 milliard 300 millions d’autres, l’hypertension liée à une nourriture trop riche est devenue la principale cause de mortalité. Le monde marche sur la tête. On ne sait même plus par quel bout s’attaquer à cette farce tragique. Alors, on ne change rien.

... Ce qui arrive est de «notre» faute, mais peut-on reprocher aux hommes d’avoir voulu vivre mieux ? Quoi de plus normal ! «Être conscient que demain existera et que je peux agir sur lui est le propre de l’homme», disait Albert Jacquard. Utilisons cette spécificité humaine pour nous projeter dans le monde de demain. Le changement peut faire peur, mais ce que l’on connaît aujourd’hui de l’état de la planète et des conséquences de notre modèle de développement fait plus peur encore ... Notre modèle de croissance fondé sur l’épuisement de ressources non renouvelables mène à une impasse...

Nous pouvons consommer moins et vivre mieux, être raisonnables et heureux. Nous pouvons choisir de bâtir un nouveau projet de société qui nous rassemble... Nous sommes au pied du mur. Il est trop tard pour être pessimiste.»

Yann Arthus-Bertrand, in «Le Monde» du 24 septembre 2008.

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V
A lire et relire, surtout pour celles et ceux qui, comme un conseiller communautaire, affirment en séance du 30 / 09 que " le développement durable n'est qu'un phénomène de mode passager" !!!!AmitiésVincent Bessat
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